Le répertoire chanté du début de la colonisation est très limité. C’est un répertoire de chansons françaises de métiers (par exemple sur les travaux agricoles) ou de chansons de la marine.
Mais à Bourbon les conditions de vie des colons sont très différentes de celles de la France. L’île regorge de nourriture (poissons, animaux) et la population a du mal à conserver les travaux agricoles. Les activités sont plutôt basées sur la cueillette, la chasse, la pêche puis sur le travail esclavagiste (café, épices, canne à sucre). Ces chants vont être vite oubliés. Seuls persistent les chants de la marine puisqu’il y a des arrivées de bateaux sur l’île.
Pendant tout le 17ème siècle et une partie du 18ème siècle il est habituel d’avoir, sur les bateaux, des musiciens pour danser. Pour divertir les équipages masculins on organise des bals avec trompette et violon. Aux escales on donne de vrais bals avec, cette fois, des dames.
Sur l'île, au cours du 18ème siècle, on organise des bals avec des instruments facilement transportables comme le violon, la flûte, le triangle. Le modèle musical suivi est le modèle Français, celui pratiqué à la cour des Rois de France (Louis XIV, Louis XV). Les danses sont les rondes, gigues, menuets, gavottes, rigaudons etc…
Dans le dernier tiers du 18ème siècle, les riches propriétaires (riches colons) de Bourbon aiment pratiquer des danses de la haute société. Ils suivent exactement le modèle de la France. Une façon de danser délicate, avec beaucoup de révérences. Il faut avoir l'air sérieux, retenu, se tenir bien droit, marcher droit, savoir bien former tous les pas qui sont nécessaires dans toutes les danses.
Au début du 19ème siècle, la riche société de colons continue à se divertir avec des bals et des fêtes. On forme des musiciens parmi la classe populaire pour jouer les morceaux importés de l’Europe. Ces musiciens sont appelés « jouars ». La transmission des airs se fait de manière orale car les jouars ne savent pas lire les partitions. Ils jouent avec des instruments divers comme le violon, la clarinette, la flûte, le tambour de basque, le triangle.
La seconde moitié du 19ème siècle, à partir de 1850, est une période de richesse économique pour la bourgeoisie de l’île, et cela favorise beaucoup les activités de loisirs. Les valses sont toujours présentes mais d'autres danses apparaissent, toujours sur le modèle Français ou Européen : la polka, la masurka, la scottish et le quadrille car ce sont des danses très appréciées dans les salons, à l’époque de l’Empereur Napoléon 3. Ces airs arrivent sur l'île grâce à des partitions venues de France.
Le quadrille est ainsi introduit à Bourbon dans les salons bourgeois, en respectant intégralement le modèle Européen concernant la danse et la musique. On les fait entendre aux jouars, les musiciens locaux, qui les apprennent d'oreille. Et pour faire découvrir aux enfants l'histoire musicale de notre île, cliquez sur "La clé enchantée " et sur Zistoir Séga
Les jouars ont sans doute, volontairement ou pas, modifié les airs qu’ils entendaient, apprenaient et tentaient de reproduire, en y introduisant des éléments locaux.
Ces airs sont joués sur des instruments européens mais des modifications rythmiques vont y être apportées. Concernant le quadrille, sa dernière figure va être profondément modifiée au niveau rythmique et danse. Les danseurs vont abandonner toute rigidité et adopter des mouvements plus excentriques évoquant le tchéga (tséga ou séga primitif,) la danse des noirs, mais en plus stylisés. Ce quadrille devenu créole, prendra alors le nom de séga de salon et est donc en partie à l’origine du séga actuel. Ce quadrille connait un grand succès et va se répandre dans toutes les couches de la société. Sa popularité conduira à faire largement appel aux jouars. L'ensemble orchestral type est composé de l'accordéon diatonique, du violon, du banjo, du triangle et du jaz (grosse caisse, caisse claire + cymbales).
Au début du 20ème siècle, le quadrille perdra de sa popularité. Le séga lui, continue à se danser en dehors du quadrille, de manière plus moderne et devient une danse de couple.
La, musique, jusqu'alors majoritairement instrumentale, va évoluer et devenir une musique de variétés, qui s’appuie essentiellement sur des chansons.
C’est Monsieur Georges Fourcade qui marque les débuts des variétés créoles, avec la création en 1924 de « mon Doudou ». La musique est composée par son ami Jules Fossy, professeur de musique. Les chansons de Georges Fourcade, créole de naissance, sont toujours en créole. Il est l'auteur de la chanson la plus populaire de La Réunion « petite fleur aimée » plus connue sous le nom de « P’tite fleur fanée » et qui devient l’hymne de La Réunion. Et pour faire découvrir aux enfants l'histoire musicale de notre île, cliquez sur "La clé enchantée " et sur Zistoir Séga